De manière intéressante l'Âge du Fer Européen est la période archéologique la plus ancienne pour laquelle une documentation écrite est disponible. Ces textes décrivent la Gaule et les habitudes sociales de ses habitants bien qu'ils ne soient pas écrits par les Gaulois eux-mêmes, mais par les Grecs et les Romains.
L'analyse d'ADN a été réalisée à Urville-Nacqueville sur 51 individus issus d'inhumations distribuées en différents points du cimetière. Ces échantillons reprennent ceux de la
précédente étude de ce site auxquels les auteurs ont ajouté six nouveaux individus. 32 échantillons sont compris à l'extérieur de l'enclos et 19 à l'intérieur. Tous les individus du tumulus de Gurgy ont été testés génétiquement dans cette étude.
Les auteurs ont testé 18 SNPs mitochondriaux et 10 SNPs du chromosome Y. Ils ont également séquencé la région HVR1 de l'ADN mitochondrial.
Les auteurs ont obtenu 42 haplogroupes mitochondriaux et 43 séquences de la région HVR1 sur le site d'Urville-Nacqueville. Ils ont de plus obtenu 17 profils partiels sur le chromosome Y. Sur le site de Gurgy, ils ont obtenu 27 haplogroupes mitochondriaux, 23 séquences de la région HVR1 et 19 profils partiels ou complets sur le chromosome Y.
Les individus d'Urville-Nacqueville appartiennent aux haplogroupes mitochondriaux: K1, J1, H, H1, H2, H3, H5, H6/8, H11, U4, U5a, U5b, I, V, T1 et T2. Il y a 27 haplotypes différents. Neuf sont partagés par au moins deux individus indiquant ainsi une possible relation maternelle. Cependant parmi ces haplotypes certains sont très fréquents et n'indiquent donc pas forcément une relation maternelle.
Les individus de Gurgy appartiennent aux haplogroupes mitochondriaux: H, H1, H3, HV, J1, J2, K, U5a et T2. Il y a 13 haplotypes différents dont trois sont partagés par au moins deux individus.
Tous les profils du chromosome Y obtenus à Urville-Nacqueville ou à Gurgy appartiennent à l'haplogroupe R* ou R1b. Cependant les marqueurs testés ne permettent pas de définir plus précisément les différentes branches de cet haplogroupe. Ces lignages paternels sont liés aux migrations massives de la fin du Néolithique et du début de l'Âge du Bronze en Europe en provenance des steppes. Ces migrations sont responsables d'un turnover génétique impressionnant dans les populations Européennes pour lequel les haplogroupes du Néolithique ont été remplacés par les haplogroupes R1a et R1b.
Les diversités génétiques maternelles ont été calculées pour les deux groupes. Les résultats sont de 0,969 pour Urville-Nacqueville et 0.885 pour Gurgy. La diversité est donc plus importante à Urville-Nacqueville qu'à Gurgy.
Ces résultats sont caractéristiques de sociétés patrilocales pour lesquelles les hommes bougent peu et les femmes bougent beaucoup au moment du mariage. Ils sont en accord avec les écrits historiques qui décrivent des échanges de femmes entre groupes (civitas).
Le site d'Urville-Nacqueville a été identifié comme une place d'échange importante avec le sud de l'Angleterre, mais aussi avec l'Atlantique. Ceci peut expliquer la plus grande diversité génétique maternelle obtenue sur ce site par rapport à Gurgy.
A Urville-Nacqueville, les auteurs ont comparé les résultats obtenus à l'intérieur et à l'extérieur de l'enclos carré situé dans le cimetière. Ainsi la diversité est plus grande à l'extérieur de l'enclos (0,983) qu'à l’intérieur (0,976). Ce résultat pourrait suggérer que l'intérieur de l'enclos à été utilisé pour un groupes spécifique de la communauté. Notamment les haplogroupes J1 et T sont exclus de l'intérieur de l'enclos. Ces éléments se rapprochent des résultats archéologiques qui suggèrent que les enclos des cimetières pourraient être dédiés à une famille dominante. Malheureusement la faible résolution des analyses des lignages paternels dans cette étude ne permettent pas de valider ce point. Pour le cas particulier d'Urville-Nacqueville l'enclos correspond au début de l'utilisation du cimetière car certaines tombes sont à cheval sur l'enclos indiquant ainsi qu'il a été détruit avant la fin de son utilisation. L'enclos pourrait ainsi avoir été utilisé par le groupe fondateur de la communauté.