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Histoire génétique du Benelux et de la France

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Introduction

Qui sommes nous ? D'où vient-on ? Ce sont des questions que chacun de nous s'est posées à un moment ou à un autre. Nous nous sommes tous forgés une identité, individuelle ou nationale, basée sur ce qu'on nous a enseigné depuis notre enfance. A l'école, on nous a parlé des Gaulois, des Romains, des Francs, des Burgondes, des Visigoths, des Huns, des Vikings... Ils sont tous passés par chez nous au fil des siècles, et ont laissés des descendants derrières eux. Quel fut l'impact génétique de ces envahisseurs sur la population actuelle de ces pays ? Où les Romains ont-ils laissé le plus de descendants ? Certaines régions sont-elles plus romaines que celtiques ? Les Belges sont-ils plus francs que gallo-romains génétiquement ? Les quelques milliers de Alains et de Huns venu d'Asie centrale au 5ème siècle ont-ils encore des descendants de nos jours, et si oui dans quelles régions et en quelles proportions ? Y a-t-il eu des enclaves ethniques isolées à des endroits inattendus de France ? Qu'est-ce que qui fait que les Francais ne se ressemblent pas d'une région à l'autre ? Pourquoi les Provençaux sont-ils si différent des Bretons et les Alsaciens ne ressemblent en rien aux Gascons ?

Quand est-il de la Belgique actuelle, ce petit pays divisé par d'incessantes querelles linguistiques ? Les Flamands et les Wallons ont-ils vraiment des origines différentes ? Certains affirments que les Flamands sont de descendance germanique simplement sur base du fait qu'ils parlent une langue germanique. Ce type de raisonnement s'est déjà avéré faux dans le cas du sud de l'Allemagne, où les habitants néolithiques, celtes et même romains sont restés génétiquement prédominants par rapport aux envahisseurs germaniques plus tardifs. Existe-t-il vraiment un division génétique entre Flamands et Wallons qui correspond aux frontières linguistiques, ou y aurait-il au contraire une unité ethnique inattendue entre eux, ou même peut-être des différences inter-provinciales plus marquées qu'entre les groupes linguistiques ? Pour la première fois dans l'histoire, ces questions vont avoir une réponse scientifiquement démontrable, grâce à l'ADN. Préparez-vous à savoir qui étaient vraiment vos ancêtres.

Le but de ce projet est d'estimer le pourcentage d'ascendance celtique, germanique, greco-romaine, ou autre dans chaque région ou département de France, au Luxmebourg, et dans chaque province de Belgique et des Pays-Bas. En effet, il est desormais possible depuis quelques années de determiner les origines ethniques ancestrales de chacun d'entre nous en testant l'ADN du chromosome Y (Y-ADN), hérité de manière inchangée de père en fils (explications plus bas). Au niveau individuel, cela ne nous dit que d'où provenaient nos propres ancêtres patrilinéaires (liés à notre nom de famille). C'est en rassemblant les résultats de centaines ou de milliers de personnes pour chaque région ou pays que la vue d'ensemble apparait, et que l'on sait déterminer le pourcentage de lignées celtiques, germaniques, romaines ou autre dans chaque région, et ainsi avoir réponse à toutes ces questions sur nos origines et notre histoire. Tout le monde peut contribuer en testant son ADN-Y (ou celui de son père ou frère pour les femmes) avec une des sociétés commerciales (voire liste) se specialisant dans ce genre de tests.

Qu'est-ce qu'un projet géographique ?

Un projet géographique d'ADN a pour but de mieux comprendre la composition génétique ancestrale d'une région et son histoire génétique en analysant la répartition des haplogroupes.

Plusieurs projets géographiques du genre existent déjà dans de nombreux pays. La quantité de données disponibles pour la France en en Wallonie est particulièrement faible par rapport aux autres pays européen. C'est pourquoi Eupedia a pris l'initiative de créer ce projet. Les tests ADN sont devenu suffisament bon marchés ces dernières années pour que presque que n'importe qui puisse participer au projet.

Histoire génétique de la France et du Benelux

Pour les nouveaux venus en génétique des populations...

Dans cette section, nous examinerons les haplogroupes du chromosome Y des différentes populations préhistoriques et historiques qui se sont installées dans le Benelux et en France depuis que l'homme de Cro-Magnon a colonisé l'Europe au cours de la période glaciaire. Si vous n'avez pas encore de connaissance en génétique des populations ou ne savez pas ce qu'est un haplogroupe, nous vous recommandons de vous familiariser d'abord avec les notions de base en consultant les vidéos explicatives sur la génétique (en anglais) et de lire notre Foire aux Questions sur les tests ADN. Chaque haplogroupe correspond à une lignée ancestrale distincte. Les haplogroupes sont divisés en plusieurs niveaux de sous-clades qui forment un arbre phylogénétique, ce qui est juste un autre mot pour un arbre généalogique génétique. Vous pouvez également trouver utile de visualiser la distribution géographique actuelle des haplogroupes pour avoir une idée de ce qu'ils représentent. Des descriptions détaillées de chaque haplogroupe et leur histoire sont disponibles ici, et des liens vers chaque page sont fournis au fur et à mesure dans le texte ci-dessous.

Le Paléolithique

L'histoire des Européens commence il y a environ 35.000 ans avec Cro-Magnons, les premiers Homo Sapiens à coloniser l'Europe. Partis du Proche-Orient il y a 45.000 ans, ils ont progressé très lentement du sud-est vers l’ouest de l'Europe, en se mélangeant avec les Néandertaliens autochtones en chemin. Les deux échantillons d'ADN les plus anciens (un homme et une femme) d’Europe occidentale sont des individus ayant vécu il y a 35.000 ans dans les Grottes de Goyet près Namur en Wallonie, testés par Posht et coll. (2016). L’homme appartenait à l'haplogroupe Y-ADN C1a, une lignée qui a pratiquement disparu en Europe aujourd'hui, mais qui survit au Japon (voir l’histoire génétique des Japonais). Les deux échantillons appartenaient à l’haplogroupe maternelle M, dont les descendants se retrouvent essentiellement en Asie aujourd'hui (y compris en Extrême Orient). Les Grottes de Goyet sont célèbres pour être le site du plus ancien cas signalé de domestication des chiens au monde, il y a 32.000 ans.

Au total, une douzaine d'échantillons Y-ADN paléolithiques européens ont été testés à ce jour. Les premières migrations d’Homo sapiens en Europe, liées au développement de la culture aurignacienne, apporta de vieux haplogroupes tels que BT, CT, C1, F et IJK, tout simplement parce que les autres haplogroupes plus en aval de l' arbre phylogénétique n’existait pas encore à l'époque. Il est possible que même l’haplogroupe ouest-africain A1a ait atteint l’Europe durant la période paléolithique en traversant le détroit de Gibraltar, comme une certaine quantité d'ADN d'Afrique subsaharienne apparaît régulièrement dans les génomes du Mésolithique et du Paléolithique, et que les des individus A1a ont été identifiés à l'époque actuelle dans la frange nord de l’Europe (Irlande, Laponie norvégienne, Finlande), dont la présence ne peut s’expliquer par une migration plus récente.

Le peuple robuste de l’aurignacien a été remplacé par un autre plus gracile au cours de la période du Gravettien (32.000-22.000 ans avant le présent). Néanmoins, les lignages paternels et maternels du Gravettien ne semblent pas diffèrer grandement de ceux de l'Aurignacien.

Cinq échantillons ADN du Gravettien provenant des Grottes de Goyet, datant d’il y a environ 27.000 ans, appartenaient tous à l'haplogroupe ADNmt U2 (aucun ADN-Y n'a été analysé), une lignée maternelle présente à un faible pourcentage dans toute l’Europe aujourd'hui (U2e), mais aussi en Asie centrale (U2d) et en Asie du Sud (U2a, U2b, U2c). Un autre échantillon du Gravettien de La Rochette en Dordogne appartenait à haplogroupe ADNmt M, comme les plus vieux échantillons de Goyet. Cela montre que les lignées eurasiennes n'étaient pas encore clairement différenciées à cette époque.

A l’heure actuelle, les plus anciens échantillons confirmés comme ayant appartenu à l'haplogroupe I datent du Magdalénien (17.000-12.000 ans avant le présent) et de l'Azilien (12.000-9.000 ans avant le présent), avec des échantillons I* et I2 identifiés dans le Bade-Wurtemberg, en Suisse et en Franche-Comté.

En conclusion, la plupart des lignées paternelles de l’Aurignacien et du Gravettien associées aux Cro-Magnons sont désormais éteintes en France et dans le Benelux aujourd'hui, en dehors du très rare haplogroupe C1a2 . Environ de 8 à 10 % des lignées maternelles des Français, Belges et Néerlandais actuels descendent de Cro-Magnon (U2e, U5, U8). Ces lignées étaient déjà les seules qui ont réussi à survivre jusqu'à l'épipaléolithique, après le Dernier Maximum glaciaire (26.500-19.500 ans avant le présent). Ces même lignées ont prospéré au cours de la période mésolithique plus chaude.

Le Mésolithique

La période mésolithique (d'il y a environ 12.000 à 7.000 ans) a commencé à la fin de la dernière glaciation, vers 10.000 ans avant notre ère et a duré jusqu'à l’adoption de l’agriculture (approximativement de 5.500 avant notre ère dans le sud de la France jusqu'il y a 4.000 avant notre ère aux Pays-Bas). Les échantillons d'ADN mésolithiques commencent à montrer des signes de diversification au sein de l'haplogroupe I (Y-ADN), avec l’apparition de lignées I2a1, I2a1a1a, I2a1b et I2c2. D'autres sous-clades comme pré-I1, I2a2 et I2c1 seront sûrement découverts plus tard. Les plus vieux haplogroupes paléolithiques comme BT, CT, C1a, C1b et IJK semblent avoir disparu entièrement avant le début du Mésolithique, ne laissant que quelques individus C1a2, une lignée qui existe encore aujourd'hui en Europe, mais dont fréquence est extrêmement basse (< 0,1 % de la population). Les haplogroupes J, R1a1a et R1b1a ont été trouvés en Russie mésolithique, mais pas en Europe occidentale.

Du côté maternel, des lignées aurignacienne anciennes comme M, N, R, U, U2 et U6 ont soit disparu ou ont évolué pour devenir de nouveaux haplogroupes comme U2e, U4, U5a et U5b. Le Mésolithique en Europe occidentale fut fortement dominé par les lignées U5 (90 % des échantillons mésolithiques d'Allemagne et du Luxembourg, et 100 % en France), qui ont profité d'une expansion remarquable, menant à la diversification de U5 en un multitude de sous-clades telles que U5a, U5a2, U5a2c, U5a2c3, U5b, U5b1, U5b1a, U5b1b, U5b1d1, U5b2a2 et U5b2c1, parmi les échantillons testés à ce jour.

En conclusion, les habitants mésolithiques du Benelux et de France auraient appartenu principalement à l'haplogroupe I2 (Y-ADN) et à l'haplogroupe U5 (ADNmt). L''homme de Loschbour, qui mouru il y a 8.000 au Luxembourg et dont l'ADN fut testé par Lazaridis et coll. 2014, est la quintessence de l’Européen occidentale du Mésolithique. Il appartenait à l’haplogroupe-Y I2a1a et mt-haplogroupe U5b1a.

De nos jours, 7,5 % des hommes dans le Benelux et 6,5 % des hommes français appartiennent à haplogroupe I2. Néanmoins, au moins la moitié de ces lignées I2 ne descendent pas directement des habitants mésolithiques de ces pays, mais des habitants mésolithique d’Europe centrale et orientale. Certains ont été assimilés par les agriculteurs néolithiques dans les Balkans et l’Europe centrale et sont venu dans le Benelux et le nord de la France avec l’expansion de la culture de la céramique linéaire. D’autres, comme I2a2a-L699, étaient originaires de la Steppe pontique et sont devenus des lignées indo-européennes qui ont migré vers l’Europe occidentale au cours de l’âge du bronze. I2a2b-L38 et I2c1 sont probablement liés à l’expansion celtique du sud de l’Allemagne et de l’Autriche au cours de l’âge du fer, tandis que I2a2a-L801 aurait accompagné les migrations germaniques durant l’Antiquité tardive. Les clades de I2 qui sont susceptibles de descendre des Européens de l’Ouest du Mésolithique comprennent les branches I2a1a-CTS595, I2a2a1a1-Y3721, I2a2a2-Y6038 (voir l’arbre phylogénétique I2).

Eleveurs, agriculteurs et bâtisseurs mégalithiques du néolithique et de l'âge du cuivre

Le néolithique a vu l'avènement de l'agriculture (élevage de bétail, puis l'agriculture céréalière), l'utilisation de la poterie et le remplacement du mode de vie nomade par la sédentarisation. Originaire du Croissant Fertile vers 9500 avant notre ère, le néolithique se propagea à travers l'Anatolie et la Grèce, puis se scinda en deux groupes. Au sud, un premier groupe traversa la Méditerranée, vers l'Italie, le sud de France et la péninsule ibérique et devenint la culture de la céramique cardiale (5000-1500 AEC). La branche nord se développa d'abord dans les Balkans avec la culture de Starčevo (6000-4500 AEC) et la culture rubanée (LBK) (5500-4500 AEC), suivant le Danube et ses affluents jusqu'en Allemagne, le nord de la France et le Benelux. Il a été suggéré que la division moderne entre les cultures d'Europe du nord, favorisant la cuisine à base de beurre, et les cultures d'Europe méridionale, préférant une cuisine à base d'huile d'olive, date de la division entre ces deux groupes à la période néolithique.

Les éleveurs et agriculteurs du Proche Orient qui ont colonisé l’Europe néolithique semblent avoir appartenu principalement à l’haplogroupe G2a (60 % des échantillons européens néolithiques testés à ce jour), avec un minorité composée de divers haplogroupes tels que E1b1b, H2, J2a, R1b-V88 et T1a, surtout autour du bassin méditerranéen. Les tests d'ADN préhistorique ont confirmé le présent de G2a dans tous les sites néolithiques d’Europe testé à ce jour, y compris de nombreux échantillons des cultures de céramique cardiale, de Starčevo et de la céramique rubanée.

Au cours des siècles et les millénaires, les agriculteurs néolithiques ont commencé à se mélanger avec les habitants mésolithiques autochtones des terres où ils s’installèrent. Les premiers sites néolithiques d’Europe centrale et du sud-est (Starčevo, Sopot, Lengyel, LBK) ont révélé la présence de quelques individus C1a2, I*, I1, I2a et I2a1.

Carte des cultures néolithiques précoces et moyennes en Europe - Eupedia

Dans le sud-ouest de l'Europe, la culture de la céramique cardiale a fait place à la culture mégalithique (5000-2000 AEC), qui s'est répandue dans toute la région atlantique, avec des présences particulièrement fortes au Portugal, en Galice, en Bretagne et dans les îles Britanniques. Les peuples mégalithiques étaient très probablement un mélange de I2 autochtones et de nouveaux arrivés du Proche-Orient (G2a, probablement aussi E1b1b, R1b-V88 and T1a). Lacan et coll. (2011) ont testé l’ADN-Y de deux hommes mégalithiques de Bourgogne, et les deux appartenaient à l’haplogroupe I2a1. La même équipe a trouvé deux autres hommes I2a1 (parmi 21 individus G2a) dans des sites néolithiques tardif au Languedoc. Mathieson et coll. (2015) a également confirmé la présence d’un squelette I2a2a1b2 (Z161) en Espagne mégalithique.

Lors de la période mégalithique tardive, la société néolithique a progressivement évolué en une société chalcolithique (âge du cuivre), apparemment sans changements sociétaux importants, ni grand flux de gènes externe. Le grand bouleversement culturel et et génétique est venu avec l'âge du Bronze, avec l'arrivée des Indo-Européens, qui a débuté avec la culture Yamna (3500-2300 AEC) dans la Steppe pontique, au nord de la mer Noire.

Les lignées maternelles apportées par les agriculteurs néolithiques des Balkans et d'Anatolie peuvent facilement être déterminées par le grand nombre d'ADNmt ancien déjà testé. Celles-ci comprennent les haplogroupes HV, H2a2, H5a, H13, H20, J1c, K1a, N1a, T1a, T2 et X.

Les Indo-Européens de l'âge du bronze & du fer

Il existait deux groupes génétiques distincts, bien qu'apparentés, de Proto-Indo-Européens : la branche sud R1b, liée à la diffusion des langues greco-anatoliennnes, albanaises, italiques, celtiques et germaniques, et la branche nord R1a, associée à la propagation des langues balto-slaviques et indo-iraniennes.

R1a fut le premier à atteindre le Benelux et le nord-est de la France, avec la culture de la céramique cordée (2400-2900 AEC), une expansion du chalcolithique tardif et de l'âge du bronze précoce de la culture Yamna. Les lignées datant de cette période appartiendraient à la sous-clade Z283.

La branche proto-celto-germanique de R1b (L11) s'installa autour de la Bohême et de l'Allemagne de l'est vers 2800 avant notre ère avec la culture d'Unétice, la culture de l'âge du bronze qui allait s'étendre à travers toute l'Europe occidentale et la Scandinavie au cours du prochain millénaire et remplacer la culture campaniforme néolithique/chalcolithique.

Une expansion d'Unétice vers le nord et l'ouest a donné naissance à la branche du proto-germanique (R1b-U106), qui mélangés avec les populations autochtones du nord de l'Allemagne et des Pays-Bas, notamment I2a2-L801 (descendant des Européens mésolithiques) et R1a-Z283 (provenant de la culture de la céramique cordée), mais aussi avec une minorité de lignées néolithiques (G2a, E-M78, T1a, etc.). Vers 1700 avant notre ère, les hommes R1b-U106 ont pénétré en Scandinavie, où ils se sont mélangés avec les populations locales I1 et R1a-Z283.

A en juger de la propagation de l'âge du bronze en Europe occidentale, les premiers Proto-Celtes ont atteint ma France et le Benelux vers 2200 avant notre ère, suivi des îles Britanniques vers 2100-2000 AEC. Cette première migration aurait apporté la sous-clade L21 de R1b dans le nord-ouest de l'Europe. Grâce à un effet fondateur L21 est devenu la lignée paternelle dominante parmi les anciens Bretons insulaires et les Irlandais et elle l'est resté jusqu'à nos jours chez les Bretons, Gallois, Ecossais des Highlands et Irlandais. Une autre migration de l'Allemagne semble avoir apporté la sous-clade DF27 de R1b dans le sud-ouest de la France, puis dans la péninsule ibérique. DF27 est maintenant de loin la lignée paternelle principale des Gascons, des Basques et des Catalans.

Map of early to middle Bronze Age cultures from c. 2,500 to 2,000 BCE

La troisième branche proto-celtique majeure est R1b-U152, qui semble avoir évolué à partir des cultures d'Unetice (2300–1600 AEC), des Tumulus (1600–1200 AEC), de Hallstatt (1200–500 AEC) et de La Tène (450-50 BCE) au nord des Alpes. Deux migrations potentielles du sud de l’Allemagne ont apporté U152 en Italie il y a environ 1700 ans avant notre ère (culture de Terramare) et 1200 ans avant notre ère (culture de Villanova), où ils devinrent les tribus italiques, y compris les Romains (=> voir l'histoire génétique de l'Italie).

L'âge du fer commença vers 1200 avant notre ère dans la Méditerranée orientale et provoqua l'effondrement de nombreuses civilisations de l’âge du bronze, comme les Mycéniens en Grèce et les Hittites en Anatolie. A partir de 800 avant notre ère, l’âge du fer est en plein essor en Europe centrale avec la culture de Hallstatt C se propageant d’Autriche et de Bavière jusque l’Alsace et la Lorraine à l'ouest et la Bohême à l'est. Entre 650 et 500 avant notre ère, les Celtes de Hallstatt ont conquis pratiquement l’ensemble de la France et de la Wallonie et se sont installés dans le sud de l’Angleterre et dans la moitié ouest de la péninsule ibérique. La culture de Hallstatt a été remplacée par la culture de La Tène (second âge du fer), considéré comme l'apogée de la civilisation celtique, qui s'élargi vers le nord jusqu'en Flandre et aux sud des Pays-Bas, vers le sud jusqu'au nord de l'Italie et à l’est le long du Danube, traversant par la suite le Bosphore et fondant le Royaume de Galatie en Anatolie centrale.

La culture de La Tène est la lignée la plus fortement associée avec les Gaulois de l'Antiquité. La Gaule englobait toute la France actuelle ainsi que la Belgique et le sud des Pays-Bas jusqu'au Rhin et la Rhénanie allemande, un territoire qui correspond justement à aux endroits où U152 atteint ses fréquences les plus élevées en dehors de l'Italie. U152 peut donc être considéré comme un marqueur d'ascendance tant gauloise qu'italique, suivant la sous-clade. Les invasions gauloises dans le nord de l’Italie, la conquête romaine de la Gaule, et les nombreux mariages entre les deux peuples des deux côtés des Alpes ont pour conséquence que les sous-clades italiques et gauloises se retrouvent dispersées à travers l’Europe occidentale de nos jours, ce qui le rend plus difficile à distinguer quelles branches sont celtiques et lesquelles sont italiques. Néanmoins, à l’heure actuelle, il semblerait que la sous-clade Z36 soit principalement gauloise et plus largement associés à l’expansion des Celtes de La Tène, tandis que la sous-clade Z56 semble être principalement italique ou romaine. La plus grande sous-clade de U152 est L2, qui s'étendit à partir de 2500 avant notre ère et qui précède donc la division entre peuples celtiques et italiques. La branche L2 est plus fréquente dans les anciens pays celtiques, mais aussi à travers l’Allemagne et la Pologne et se serait dispersée avec les cultures plus anciennes comme la culture des Tumulus et celle de Hallstatt.

Les Celtes de Hallstatt et de La Tène n’appartenaient évidemment pas exclusivement à l’haplogroupe R1b-U152. Ils auraient aussi possédé diverses lignées présentes en Europe centrale depuis le Néolithique et l’âge du bronze, notamment G2a, E-V13 et sans doute aussi I2a2b-L38, I2c1, J2b2, ainsi que peut-ête certains types de R1a (M458 ?) et T1a.

Map of the Hallstatt culture

L'antiquité classique et le moyen âge

Entre 600 et 300 avant notre ère les Grecs établirent des colonies le long de la côte méditerranéenne de la France, fondant notamment Agde, Marseille, Hyères et Nice. Les Grecs de l'antiquité auraient apporté principalement les haplogroupes E1b1b et J2 avec eux, mais également une minorité de G2a, J1, R1b-Z2103 et T1a. Puis vinrent les Romains, qui restèrent pendant 500 ans en Gaule. Les Romains sont considérés comme ayant appartenu essentiellement à R1b-U152 (particulièrement Z56, mais peut-être aussi certaines sous-clades de L2 et Z192), avec des minorités importantes d’E1b1b (probablement plus E-M34), G2a-L140 (sous-clades L13, L1264 et Z1816), J1, J2 (J2a1-L26 et J2b2) et T1a. Étant donné que bon nombre de ces lignées pourraient provenir d’autres sources (agriculteurs néolithiques, Indo-Européens ou des immigrants plus récents comme les Juifs). Seule une analyse détaillée des clades très profondes de ces haplogroupes peut déterminer quel est le pourcentage réel de lignées romaines (ou du moins italienne) dans le Benelux et en France aujourd'hui, mais ces données manquent toujours à l’heure actuelle.

Au cours de la fin de la période romaine, les Francs ont été autorisés à s'installer pacifiquement dans les frontières de l'empire autour du territoire de la Belgique actuelle. Les Francs étaient un peuple germanique originaire de quelque part entre le nord des Pays-Bas et le Danemark. Ils auraient appartenu principalement aux haplogroupes R1b-U106 (environ la moitié de toutes les lignées), I1, R1a (Z284 et L664) et I2a2a (L801). De nos jours environ 40 à 45 % des hommes en Belgique et dans le Nord-Pas-de-Calais portent des haplogroupes Y-ADN d’origine germanique, la plupart d'origine franque (mais aussi saxonne et viking en Flandre côtière).

Au Ve siècle, les Burgondes, les Wisigoths et d'autres tribus germaniques envahirent la Gaule sous la pression des Huns, une tribu qui pris naissance autour de Mongolie actuelle.

Les Burgondes étaient originaire de l’île de Borgholm dans l’est du Danemark. À la fin du IIIe siècle, les Burgondes apparraissent sur la rive orientale du Rhin, où ils ont mis en place un royaume dans la ville de Worms, qui a inspiré le poème épique la Chanson des Nibelungen, immortalisé par l’Opéra de Wagner L'Anneau du Nibelung. En 406,, les Bourguignons traversent le Rhin et établirent un second royaume plus loin vers le sud. Le Royaume des Burgondes (411-534), ou Royaume de Bourgogne, s’étend sur l'ensemble des régions françaises actuelles de Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, ainsi qu’en Suisse Romande, mais pas dans ce qui s'appele maintenant la Bourgogne, malgré ce que son nom laisse penser. Les Burgondes s'établirent tout d'abord en Savoie, une région où la fréquence des haplogroupes R1a (5 %), Q1a (5 %) et I2a2a-L801 (2 %) est particulièrement élevée, trois lignées qu'on retrouve aussi ensemble dans le sud de la Suède. La région compte aussi environ 9 % de R1b-U106 et 8 % de I1, les deux lignées germaniques dominantes, quelque soit la tribu. Dans l’ensemble, il pourrait y avoir jusqu'à 30 % de lignée paternelle moderne en Savoie et en Suisse romande d’origine bourguignonne.

Les Goths étaient originaire du sud de la Suède, mais avaient migré vers la Pologne et l’Ukraine occidentale dans le premiers siècles de notre ère. Au milieu du IIIe siècle, ils envahirent les provinces romaines orientales de Dacie et de Thrace, avant de se lancer des attaques sur l’Asie mineure. Romanisés à partir du IVe siècle, ils s'installèrent en Thrace (Bulgarie moderne). En 410, les forces wisigoths dirigées par Alaric Ier pillèrent Rome, puis fondèrent le Royaume wisigoth d’Aquitaine en 418. A la fin du Ve siècle, le royaume wisigoth s'étendait de Gascogne au Languedoc et commençait à empiéter sur le nord de l’Espagne. Alliés avec les Burgondes, les Goths attaquèrent les Francs au nord, mais furent défaits par Clovis en 507, forçant les Wisigoths à se replier de l’autre côté des Pyrénées. Le royaume wisigoth survécut pendant plus de deux siècles dans la péninsule ibérique, où, à son apogée, il occupait presque toute la péninsule sauf la côte andalouse et et le nord-ouest.

Les Goths auraient sûrement porté des lignées paternelles typiquement scandinaves (I1, I2a2a-L801, R1b-U106, R1a-Z284). Selon les données Y-ADN plus détaillées d’Italie et d’Espagne, il semblerait que les Goths aient assimilé un grand nombre de tribus proto-slaves avant d’envahir l’Empire romain. Ces Proto-Slaves auraient apparemment appartenu principalement à des lignées de R1a-CTS1211 et en particulier les clades profondes Y2902 et Y3301 (voyez l'arbre phylogénétique de Z280), comme il s'agit de la variété principale de R1a que l'on retrouve presque exclusivement en Italie, dans le sud de la France et en Espagne. Une lignée proto-slave plus mineure aurait été I2-L621, que l'on retrouve aussi sporadiquement en Italie, dans le sud de la France et en Espagne. L’influence génétique des Goths en France et dans la péninsule ibérique semble toutefois avoir été relativement mineure. Les lignées paternelles d’origine gothique pourraient potentiellement atteindre au maximum 5 % de la population dans le sud-ouest de la France, en Catalogne et en Castille-et-León, mais sont à peine perceptibles dans le reste de la péninsule ibérique.

Les Huns arrivèrent en Europe au IIe siècle, traversant la Steppe eurasienne depuis la Mongolie. Ils établirent un empire autour de la Roumanie, de la Hongrie et de la Slovaquie actuelles en 370 et lancèrent des incursions dans l’Empire romain au début du Ve siècle. Après avoir pillé les vallées du Rhin et de la Moselle ainsi que la plupart des villes franques entre Tournai et Orléans, ils furent finalement vaincus par une coalition des Francs, de Goths et de Romains à la bataille des Champs Catalauniques (près de Châlons-en-Champagne) en 451. Les Huns auraient appartenu aux haplogroupes C3, Q1a et R1a-Z93, des lignées qui représentent une infime partie des lignées paternelles modernes en France et en Belgique. De nos jours, les Belges et Français du Nord-Est possèdent parfois un faible pourcentage (0,1 à 1 %, mais parfois jusqu'à 2 %) d'ADN autosomique de Sibérie et d’Extrême-Orient, qui a probablement été hérité d'ancêtres huns (ou scandinaves via les Francs, Burgondes et Goths).

Après la chute de l’Empire romain d’Occident, les Francs réunifièrent l'ancienne Gaule sous leur égide et conquirent la quasi-totalité de l’Allemagne, l'Autriche, la Suisse et la moitié nord de l’Italie (=> voir histoire des Francs).

Entre la 9e et 11e siècles, les Vikings s'installèrent dans différentes régions de France et du Benelux (notamment en Normandie et à Bruges), ce qui apporta à un nouvel afflux d’haplogroupes germaniques (R1b-U106, R1a-Z283, I1, I2-L801), mais cette fois avec une proportion plus élevée de I1, surtout de la sous-clade I1a2 (L22) nordique, mais aussi la sous-clade R1a-Z284 typiquement scandinave. De nos jours la péninsule du Cotentin en Normandie a le pourcentage le plus élevé des lignées paternelles d’origine germanique (~ 33 %) après le Nord-Pas-de-Calais (~ 40 %).

Distribution maps of Y-DNA haplogroups in the Benelux and France

Distribution of Y-DNA haplogroups in the Benelux and France<

Composition génétique du Benelux

Sur base des résultats actuels, voici a quoi ressemble la répartition géographique des haplogroupes aux Pays-Bas, en Belgique (Flandre + Wallonie) et au Luxembourg.

Haplogroupe I1 I2*+I2a I2b R1a R1b G J2 J1 E1b T L Q
Pays-Bas 16.5 1 6.5 4 49 4.5 3.5 0.5 3.5 1 0 0
Flandre (n=981) 12 3 4.5 4 61 4 4 1 5 0.5 0.5 0.5
Wallonie (n=140) 10.5 1.5 4.5 7 59.5 5.5 2 0 5.5 3.5 0 0
Luxembourg (n=38) 2.5 2.5 5.5 2.5 60.5 5.5 8 2.5 5 0 0 0

L’haplogroupe dominant dans le Benelux est R1b, qui est réparti de manière pratiquement égale entre la sous-clade germanique R1b-U106 et la sous-clade italo-celtique R1b-P312. Les deux sont présentes dans tout le Benelux, mais avec une distribution très différente.

R1b-U106 (aussi appelé S21) atteint sa fréquence maximale en Frise (42 %), dans le nord des Pays-Bas, ainsi qu'au centre des Pays-Bas (35 %), puis diminue progressivement vers le sud des Pays-Bas (30 %), la Flandre (25 %) et la Wallonie (22 %), pour augmenter à nouveau au Luxembourg (32 %). Toutes les sous-clades de U106 ne sont pas d’origine germanique. R1b-U106 est apparu il y a près de 5.000 ans et les hommes appartenant à cette lignée se sont installés autour de l'Allemagne il y a environ 2.500 ans avant notre ère, quand les peuples proto-celto-germaniques arrivèrent de la Steppe pontique via les Balkans, en remontant le Danube. Le terme germanique se réfère à la culture qui s'est développée en Scandinavie pendant l’âge du bronze danois (1700-500 avant l'ère commune.) et l’âge du fer germanique qui lui succéda. Certaines sous-clades semblent d'être propagées à partir de la Scandinavie et du nord de l'Allemagne au cours de cette période. Il s’agit de L48, la plus grande branche de U106, et Z18, une autre branche majeure. Celles-ci se trouvent également être les deux sous-clades dominantes dans le Benelux. Au sein de L48, les Scandinaves appartiennent presque exclusivement à la branche de Z9, tandis que la branche L47 semble se retrouver surtout dans le Benelux et en Grande-Bretagne. L’autre branche majeure de U106, Z156 est divisée en DF96 et DF98. DF98 se trouve également en Scandinavie et pourrait être considéré comme germanique. Cependant, la grande majorité des individus Z156 en Flandre appartiennent à DF96, une sous-clade qui est très rare en Scandinavie. DF96 serait plus justement considérée comme proto-celto-germanique et se serait dispersé autour de l’Allemagne et du Benelux sans passer par la Scandinavie. Les habitants du Benelux et de la moitié nord de l’Allemagne de l’âge du bronze et l’âge du fer aurait donc appartenu à ces sous-clades proto-celto-germaniques de U106, y compris DF96 et de nombreuses sous-clades mineurs (=> voir phylogénie R1b-U106).

On ne sait ne pas ce qui a motivé les Saxons de quitter leur terre ancestrale au Ve siècle pour migrer vers la Flandre et l’Angleterre, mais une théorie est qu’ils ont été poussés par l’expansion des Germains de Scandinavie, tels que les Francs, les Burgondes et les Goths. Même les tribus d'anciens belges n’étaient pas forcément toutes d’origine celtique. On a fait valoir que certains d'entre elles étaient en fait des Germains celticisés. Une telle distinction n’importe pas vraiment en ce qui concerne l’ADN étant donné que tant les tribes celtiques et germaniques sont deux branches des Indo-Européens descendant de la même branche de R1b, et que la Germanie antique aurait été constitué d'un mélange de R1b-P312 et R1b-U106, qui n’était ni purement celtique ni purement germanique, mais qui pourrait plutôt être décrit comme étant d’ascendance commune de proto-celto-germanique. Les Celtes de l'Antiquité classique sont associés aux cultures alpines de Hallstatt et de La Tène, tandis que le « vrais » Germains sont les tribus qui se sont étendue de la Scandinavie à partir des premiers siècles avant notre ère. Avant cette expansion, les habitants du Benelux et d'Allemagne centrale et septentrionale auraient parlé un mélange de langues celtes et germaniques, et comme les langues évoluent avec le temps, parfois pour des raisons politiques, ou parce que certaines tribus migrent autre part, ou encore parce qu'elles ont des contacts étroits avec d’autres tribus qui les incitent à utiliser leur langue, la langue respective de chaque tribu pourrait bien ne pas avoir correspondu avec la clade de R1b dominante de la tribu.

Les tribus qui ont subi une importante expansion historique en peu de temps, comme les Celtes de La Tène ou les Germains de Scandinavie de l’âge du fer, ont laissé des traces de ces expansions soudaines dans la phylogénie dy chromosome Y. L’arbre de l’haplogroupe montre alors une diversification subite des sous-clades à une période particulière de l’histoire, et c’est ainsi qu'il est possible de dire que certaines sous-clades sont beaucoup plus susceptibles d’être associées avec aux Scandinaves de l’âge du fer, aux Anglo-Saxons, aux Goths, aux Vikings ou tout autre peuple germanique spécifique.

En 2013, le projet ADN du Brabant a re-testé les participants R1b pour déterminer leurs sous-clades plus profondes. Parmi les 218 participants R1b-U106 confirmés, 48 % appartenaient à L48, 8 % à Z18 et 44 % à d'autres sous-clades (Z156 ou DF96 n’étaient pas testé mais composaient 37 % des échantillons flamands de chez FTDNA). Seulement 9 échantillons wallons ont eu leur clade profonde testée. Ces derniers comprennaient cinq L48 (dont trois Z9 et un L47>L163), un Z18 et trois Z156 (tous Z304+, avec un S18823+ confirmé, sous la branche DF98 scandinave). Six personnes du Luxembourg ont été testés pour des clades profondes et tous sauf un appartenaient à L48 (y compris deux L47>L44 et deux L47>Z159). Le dernier était un Z18. En d’autres termes, 100 % des échantillons de Luxembourg étaient germaniques. La taille de l’échantillon est sans doute trop petite pour juger, mais il semble que la Wallonie ait un pourcentage plus élevé de U106 véritablement germanique/nordique (67 %) que la Flandre (56 %), malgré que la Flandre ait un pourcentage légèrement supérieur de U106 au total. Cela pourrait s’expliquer par le fait que l’ascendance germanique chez les Flamands est un mélange de Francs (du Danemark) et Saxons (provenant du nord de l’Allemagne), comme indiqué par l'analyse des toponymes en Flandre (beaucoup desquels corrélant avec les toponymes anglo-saxons plutôt que les scandinaves) tandis que le côté germanique des Wallons est presque uniquement d'origine franque.

Les R1b-U106 néerlandais possèdent une proportion particulièrement importante de Z18 (25 % de U106) comme en Scandinavie, mais avec plus de diversité des sous-clades. La branche dominante est L48 (environ 40 %), dont environ les trois quarts appartiennent à la branche Z9 pour un quart de L47. Contrairement à la Belgique, les Néerlandais ont également une quantité considérable de S1688 (environ 15 %, y compris U198), une sous-clade qui atteint sa fréquence maximale en Angleterre, mais qui est rare en Allemagne et le plus souvent absente de Scandinavie, d’Europe centrale et orientale, d'Italie ou de la péninsule ibérique. Jusqu’ici, S1688 n’a pas été trouvé en Wallonie ou au Luxembourg et ne représente que 4 % des lignées R1b-U106 flamandes. U198 pourrait être originaire des Pays-Bas et aurait été introduit en Angleterre par des Anglo-Saxons venus de Frise. Contrairement à la Flandre et l’Angleterre cette fois, les Néerlandais n'ont pratiquement pas de Z156, et le peu qu'ils en ont est de la variété DF96, peut-être d’origine flamande ou saxone. Il est intéressant de noter que le pourcentage élevé de Z18 et L48>Z9 aux Pays-Bas ressemble plus au statistiques observées en Wallonie qu’en Flandre. La principale différence est que les Wallons ont plus Z156 (d'Allemagne) et les Néerlandais plus S1688 (natif de la région).

L’autre sous-clade principale de R1b dans le Benelux est R1b-P312 (ou S116), qui se trouve dans des proportions égales en Flandre et en Wallonie (33 %), mais diminue à mesure que l’un se déplace vers le Nord pour ne plus atteindre que 20 % dans le sud des Pays-Bas, 15 % dans le centre des Pays-Bas et 10 % en Frise. Voici la répartition des sous-clades R1b en Belgique tel que rapportée par le projet Y-ADN du Brabant.

Environ la moitié des Belges R1b-P312 appartiennent à la sous-clade U152 (S28) associé avec les Celtes de La Tène, les Gaulois et les Romains, avec une fréquence légèrement plus élevée en Wallonie (16 %) et au Luxembourg (14 %) qu'en Flandre (10 %), et le pourcentage ne cesse de baisser au fur et à mesure qu'on se déplace vers le nord jusqu'aux Pays-Bas méridionaux (6 %), dans le centre des Pays-Bas (3,5 %), pour atteindre sa fréquence la plus basse en Frise (1 %). Un peu plus de la moitié des U152 en Wallonie et plus de 80 % de U152 en Flandre appartiennent à la sous-clade L2. La Wallonie semble avoir plus de diversité, avec une présence généralement plus élevée des sous-clades italiques/romaines comme Z56 et Z192, mais aussi des sous-clades celtiques de La Tène (et des anciens belges ?) comme Z36. L'analyse d’autosomique des Belges ayant testé avec 23andMe montre que les Wallons sont beaucoup plus susceptibles que les Flamands d’avoir un faible pourcentage d’ADN italien (généralement 2 à 4 % + quelques pourcents de plus de « Sud européen »), qui est presque certainement d’origine romaine.

La lignée celtique atlantique R1b-L21 (S145), que l'on retrouve principalement dans les îles britanniques et en Bretagne, atteint son maximum dans la moitié ouest de la Belgique (10 %), y compris le Brabant flamand et wallon, puis diminue jusqu'à 7-8 % à l’est du pays. Sa fréquence tombe à 3-5 % aux Pays-Bas, avec peu de différence dans tout le pays. La plupart de ces lignées sont probablement d'origine gauloise, bien que certaines pourraient avoir été importées par les Vikings des îles britanniques, notamment dans les régions côtières. Les Vikings sont bien connus pour avoir capturé des esclaves parmi les populations britanniques et irlandaises, qu'ils apportèrent avec eux dans leurs colonies (ex. Islande, Normandie) ainsi qu'en Scandinavie. De nos jours, plus d'un quart des lignées paternelles et la moitié des lignées maternelles islandaises descendent de ces esclaves apportés par les Vikings. En Norvège, la proportion est d'environ 15% et 30% respectivement. Il ne serait pas surprenant que les Vikings aient amenés des esclaves dans les colonies qu'ils ont fondé sur le continent, comme Bruges, expliquant comment certaines sous-clades de L21 typiquement écossaises ou irlandaises s'y retrouvent de nos jours.

R1a est l’autre lignée indo-européenne majeure. Elle s'est propagée principalement au nord-est de l’Europe, en Allemagne et en Scandinavie avec la culture de la céramique à cordon, mais son avancée a été arrêtée par le Rhin, ce qui explique pourquoi les Néerlandais (du sud) et les Belges ont des niveaux beaucoup plus faibles d'haplogroupe R1a que les Allemands. Plus de la moitié des R1a dans le Benelux appartiennent à la sous-clade germanique L664. Les autres lignées comprennent la sous-clade Z284 scandinave et les lignées M417 et Z280 d’Europe centrale et orientale. Seuls quelques échantillons de R1a (de Luxembourg et Utrecht) appartenaient à la sous-clade Z2123 de R1a-Z93, qui est probablement d’origine moyen-orientale (peut-être via les Romains). Un seul échantillon R1a d'Amsterdam appartenait à CTS6, la sous-clade juive de R1a, qui est également une branche de Z93.



Lhaplogroupe I1, une des lignées les plus indéniablement germaniques, a une fréquence presque identique en Flandre (12 %) et en Wallonie (10,5 %), mais est légèrement plus élevé aux Pays-Bas (16,5 %), même si c’est encore bien loin de la 35 % observés en Scandinavie. Seul le Luxembourg a une fréquence étonnamment faible de I1 (2,5 %), mais cela pourrait être dû au nombre très faible d’échantillons disponibles. Les clades profondes étaient seulement disponibles pour 59 échantillons néerlandais et 15 échantillons belges (principalement flamands). Deux individus belges n’appartenaient pas à la principale clade I1a (DF29), mais a des branches rares (Z131 et Z17954). Quatre hommes néerlandais étaient positifs pour la mutation de DF29, mais pas pour aucune des trois branches connues en aval (CTS6364, Z58 et Z63). Le clade mordique CTS6364 (y compris L22) a été trouvé chez 18,5 % des échantillons de I1 néerlandais et 33 % des belges. La branche germaniques occidentales Z58 représente 20 % des échantillons belges (clades Z60>L573, Z138 et Z382) et 63 % des échantillons néerlandais. La moitié des Z58 néerlandais appartenait à la clade Z140, qui jusqu'à présent n’a pas été trouvé en Belgique. Z140 se trouve principalement au Danemark, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne, et dans une moindre mesure aussi en Allemagne. Il semblerait que ce soit une clade principalement frisienne et anglo-saxonne. Le reste des Z58 néerlandais appartenait pour la plupart à Z138 et Z382. La branche Z63, plutôt d'origine germanique orientale, représente 13 % et 12 % des échantillons de Belgique et des Pays-Bas, respectivement. Dans l’ensemble, les Belges semblent porter un pourcentage considérablement plus élevé de sous-clades nordiques/scandinaves de I1, tandis que les Néerlandais possèdent pour la plupart des clades associées au peuplades germaniques occidentales. Cela pourrait s’expliquer par le pourcentage plus élevé d’ascendance franque en Belgique, puisque les Francs étaient originaire du Danemark. La majorité de l’I1 néerlandais pourrait être originaire des Pays-Bas même ou de la Saxe voisine.

Les lignées I2 sont très variées. Le projet comprend des échantillons appartenant à I2* (clade non identifiée, probablement I2c), I2a1b, I2a2a-L699, I2a2a-L801 et I2a2b-L38, dont les origines de chaucun sont décrites en détail sur la page de l'haplogroupe I2. Le très faible nombre d’échantillons pour chaque clade empêche l’identification des tendances régionales, à l’exception du la branche germanique I2a2-L801, qui est beaucoup plus fréquente au nord des Pays-Bas que partout ailleurs.

Plus de 80 % des échantillons belges E1b1b et environ la moitié des échantillons néerlandais E1b1b appartiennent à la sous-clade E-V13, qui est apparue à l’âge du bronze et pourrait est venue dans le Benelux avec les Proto-Indo-Européens d’Europe centrale, aux côtés de lignées R1b et R1a. Jusqu’ici, seuls quelques échantillons isolés ont été trouvés pour E-M81 (province néerlandaise d’Utrecht et province wallonne du Hainaut), E-M34 (Amsterdam, Rotterdam, province néerlandaise d'Overijssel et province wallonne de Namur), E-V22 (Amsterdam et les provinces néerlandaises de Frise et d'Overijssel) et E-V65 (Rotterdam).

L'haplogroupe G2a était la lignée dominante des agriculteurs néolithiques européens. Il serait arrivé dans la région du Benelux avec la Culture rubanée, bien que certains G2a ont probablement été assimilés par les Proto-Indo-Européens (notamment la sous-clade U1) en chemin de la Russie vers l’Europe occidentale, tandis que d'autres lignées G2a seraient venus plus tard avec les Romains (sous-clades L13, L1264 et Z1816).

T1a était également une lignée néolithique majeure dans le Croissant Fertile, mais ne semble pas s'être répandue en Europe en nombre important durant le Néolithique. Il pourrait s'être propagé en Grèce et en Italie durant l’âge du bronze et l’âge du fer, pour ensuite migré en France et au Benelux pendant l'époque romaine. T1a est considérablement plus élevé en Wallonie (4,5 %) que partout ailleurs. Les Romains auraient également apporté R1b-U152 (surtout la sous-clade Z56) et certains sous-clades de G2a, J2a1 (par exemple, L70) et J2b2.

L'haplogroupe J2a1 atteint sa fréquence la plus élevée au Luxembourg (tous de la variété M67) ainsi qu’aux Pays-Bas méridonaux et centraux (principalement M67). En Wallonie, à présent l'haplogroupe J2 n'a été observé que dans la province orientale de Liège (à proximité de l’Allemagne) et un échantillon isolé J2-L70 dans le Hainaut. La Flandre a une plus grande variété de J2a1 (L70, M67, M319, Z6065). Fait intéressant, la sous-clade de J2a1 la plus courante en Belgique semble être PF5456 (sous L70), qui est apparue il y a seulement 2.500 ans et est susceptible d’avoir été propagée par les Romains. Aux Pays-Bas, environ un tiers de tous les échantillons de J2 appartiennent à J2a1-M67, qui est la plupart du temps aussi positif pour la mutation M92, bien que des échantillons isolés de Z467 et CTS6804 aient également été trouvés. Certains M92 pourrait être d’origine juive (clade L556), bien que très peu de participants aient testé leur clade profonde. Environ 15 % des échantillons J2 néerlandais appartiennent à Z6065 ou L70 (y compris la sous-clade PF5456 potentiellement romaine) et 10 % à la clade F3133/Z7700 moyen-orientale. Un échantillon isolé de la clade juive S23560 a été signalé, mais aucun M319 est-méditerranéen n’a pas été trouvé parmi les échantillons dans le projet.

Tous les J2b dans le Benelux appartiennent à la clade J2b2a1 (L283) et la plupart d'entre aux tombent sous le clade des Z1295. J2b2 a probablement migré de l’Iran vers la Steppe pontique durant le Néolithique, où il a été plus tard assimilée par les Proto-Indo-Européens. J2b2a1a1 (Z585) est aujourd'hui l’une des sortes de J2 les plus courantes dans les pays slaves, baltes et germaniques, un point qui donne à penser qu’il pourrait avoir été diffusé par le biais de la culture de la céramique à cordon. Une de ses clades les plus profondes est Z1295, qui a pris naissance il y a environ 4.000 ans. J2b2 n’a pas encore été trouvé au Luxembourg ou Wallonie (peut-être en raison du faible échantillonnage). La Flandre ne possède que très peu de J2b2 (0,5 % de la population). Aux Pays-Bas, J2b2 représente près d’un quart de tous les J2, ou un peu moins de 1 % de la population. J2b2 dans le Benelux semble se concentrer le long des côtes de la mer du Nord, dans la moitié occidentale de la Flandre, en Zélande et Hollande.

L'haplogroupe J1 est une des lignées juives les plus courantes, aux côtés de E-M34 et J2a1. Dans le Benelux, J1 est présent presque exclusivement autour d’Amsterdam et d'Anvers, deux villes connues pour avoir accueilli un grand nombre d'immigrants juifs dans les siècles passés. J2 est également plus élevé en Hollande et dans la province d’Anvers. Il est donc probable que le différentiel de 2 % pour ces lignées aux Pays-Bas et Anvers soit d’origine juive. L’analyse profonde des sous-clades a confirmé la présence de sous-clades typiquement juive de J1 (L816 ainsi que FGC15938, FGC15941 et ZS9492 sous YSC76) à Anvers et à Amsterdam. À l’heure actuelle il n’est pas encore possible de distinguer les sous-clades J2 d’origine gréco-romaine des juives.

Composition génétique de la France

Voici la répartition des haplogroupes en France sur base des données actuellement disponibles. Cliquez sur le nom d'un haplogroupe pour classer les résultats par ordre de fréquence. Plus de 5000 échantillons ont été pris en compte. Notez que la grande majorité (> 80 %) des échantillons n'a pas pu être associé à une région spécifique de France, soit parce que certaines étude n'ont pas divisé les résultats par région, ou, dans le cas d'échantillons commerciaux, les individus testés ne connaissaient pas avec certitude leur région d'ascendance patrilinéaire, comme c'est souvent le cas pour les Nord-Américains et les Parisiens. Seulement la moitié des régions françaises disposent d'au moins 100 échantillons. Les autres n'ont pas pu être répertoriées ici étant donné que les pourcentages obtenus auraient été complètement dénués de sens. Le grand nombre d'échantillons non triés explique la divergence entre le total des données régionales (qui comprennent principalement des régions périphériques comme la Bretagne, l'Alsace, la Flandre-Artois, la Gascogne et la Corse) et le total pour la France (qui inclut beaucoup de résultats provenant probablement de régions plus centrales).

Region/Haplogroupe I1 I2*+I2a I2b R1a R1b G J2 J1 E1b T Q
Alsace 8 1 3 3 55 6 8 1 10 4 1
Auvergne 2 1 1.5 5.5 52.5 9 8 3.5 12.5 4.5 0
Bretagne 8 1 4.5 0.5 80 2 2.5 0.5 0.5 0 0
Corse 0 18.5 1 0 49 7.5 14 0 8 0.5 0
Nord-Pas-de-Calais 13 2.5 1 2.5 61 6 2.5 0 12 0 0
Gascogne 0 4.5 0 0 91 0 4.5 0 0 0 0
Île-de-France 2.5 2 2 3.5 57.5 3.5 6.5 1 20.5 0 0
Provence 2 4 1 5 58 7.5 8.5 1 10.5 1 2
Midi-Pyrénées 2.5 5 2.5 4 61 4 8.5 4 7.5 1 0
Normandie 7 4 2 1 76 0 2 1 5 0 1
Poitou-Saintonge 1.5 3 0 0 74.5 7.5 6 0 1.5 0 0
Rhône-Alpes 7 1.5 2.5 5 66.5 5 2.5 0 5 0 5
TOTAL FRANCE 8.5 3 3.5 3 58.5 5.5 6 1.5 7.5 1 0.5

Analyse

Notez que le total pour la France est biaisé en faveur des nord-américains d'origine française (surtout du Québec), comme les tests d'ADN généalogiques ne sont pas encore très répandus en France.

R1b est l'haplogroupe le plus courant en France. Il comprend quatre sous-clades principales : la branche celtique atlantique R1b-L21 dans le nord-ouest, la branche gasco-ibérique R1b-DF27 (y compris la sous-branche basque R1b-M153 ) dans le sud-ouest, la branche germanique R1b-U106 dans le nord, et la branche italo-celtique R1b-U152 dans l'est.

Les anciens Burgondes, une tribu germanique de l'est du Danemark, semblent avoir possédé un pourcentage considérable d'haplogroupes R1a et Q, deux haplogroupes qui se trouvent de nos jours à des fréquences anormalement élevées autour de l'ancien Royaume des Burgondes, dans ce qui est maintenant la région Rhône-Alpes et le nord de la Provence.

Répartition géographique des traits physiques ethniques en France

Cette carte montre une estimation de l'ascendance ethnique dominante dans chaque région de France sur base d'études anthropologiques. Est-ce que les tests ADN confirmeront cette tendance générale ? Voici un résumé des haplogroupes de l'ADN-Y présent en France, et le groupe ethnique antique auquel chacun est associé :
  • Germains, Scandinaves : I1, I2a2a, R1a, R1b-U106
  • Celtes gaulois/belge : R1b-U152
  • Celtibériens, Celtes bretons/britanniques : R1b-L21, I2-M26
  • Basques : R1b-M153, R1b-DF27, I2-M26
  • Romains : R1b-U152, J2, G2a, R1b-L23, E-M34, T
  • Grecques : E-V13, J2, R1b-L23, T, J1

Genetic make-up of France

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